[2426 Devoe Terrace] Chez Jason Minder

La rue de ce quartier résidentiel délabré est complètement déserte. Le ciel est gris, et de gros nuages déchiquetés y roulent paresseusement en grondant. Les rues jonchées d'ordures sont fouettées par le vent, charriant des boites de conserve vides, des tracts publicitaires et des sacs en plastique qui dansent dans les airs entre les feuilles.

Le pavillon du-dit Jason Minder n'a pas été compliqué à trouver : l'annuaire d'une cabine téléphonique pas encore vandalisée a suffi. C'est une petite maison de banlieue, de plain-pied, banale, couverte d'un crépit autrefois beige lézardé maintenant de craquelure noirâtres et de moisissure. Deux carrés d'herbe jaunie de part et d'autre de l'allée constituent l'unique végétation des lieux, si on omet les quelques brins effectuant une percée entre les dalles de l'accès au garage, dont la porte de PVC mouchetée de tâches brunes est pour le moment fermée. Les volets sont rabattus, il n'y a pas un bruit autre que le chant du vent et le souffle de la rue.

Gabrielle n'avait pas été surprise de voir la "déesse" de Beär les distancer assez vite. Après tout, le teuton disposait d'un véhicule plus maniable que le leur, et le Padre n'était pas aussi assoiffé de vitesse que leur Alpha ...

quand Trävis arriva enfin à destination, elle s'étira en descendant de la voiture, puis elle jaugea le décors alentour d'un coup d'oeil. Pas terrible. A croire que tout les membres du Fight Club vivaient dans des taudis.

... Bah, tu t'en fous de ça ... Inquiète toi plutôt de savoir pourquoi toute la baraque semble close, et le coin désert.

Le souvenir de leur fusillade lui revint brièvement en mémoire. Non pas qu'elle se voulait parano, mais manger du plomb était tout sauf agréable. Elle se rapprocha de son Alpha, l'air sombre.

"Chais par pour toi, Gunther, mais j'aime pas ça. Le coin est trop calme à mon goût."

Sur ces paroles, elle attendit que les autres mettent pied à terre avant de prendre une quelconque initiative.

Debout devant la maison de Minder, les mains dans les poches, un peu en retrait par rapport à Gunther, et cela inconsciemment, Gretchen, comme ses pairs, jaugeait la maison.

Elle craignait, mais ça semblait être la norme locale; pas que la jeune fille n'ait pas l'habitude de cet univers quart-mondien, c'était une simple et triste constatation.

" Quel palace ! "

"Mauser" laissa planer un silence après sa remarque, souriant tout juste deux ou trois secondes pour appuyer son trait d'humour.

" On y va ? "

Gabrielle répond à la jeune fille d'une voix un peu absente, sans la regarder.

"Ouais, t'a raison, on va pas rester faire les plantons ..."

De fait, ses yeux sont fixés sur les alentours. Elle ne peut pas se défaire d'un sentiment de méfiance. La parano me guette, pense-t'elle. Pas un bon signe ...

Puis elle avance vers la baraque miteuse et appuie sur la sonnette.

Le membre 'Gabrielle Renarez' a effectué l'action suivante : Lancé de dés

'D10' : 1, 1, 6, 10

relance du 10 (c'était un jet de perception, au passage)

Le membre 'Gabrielle Renarez' a effectué l'action suivante : Lancé de dés

'D10' : 10

La sonnette retentit, légèrement étouffée par la porte du pavillon. Il n'y a pas de réponse.

Attirés par les nouveaux venus, une bande de mioches du quartier viennent se poser sur le trottoir d'en face. Ils lorgnent la bécane de Bear et se font des messes-basses en ricanant bêtement.

A l'intérieur de la maison, rien ne bouge, rien ne parvient aux sens en alerte de Gabrielle.

[Tu as oublié une relance, Gabi, mais c'est pas grave, 2 succès suffisaient. A l'avenir, si c'était possible de faire les jets de dés en dehors du topic, c'est plus mieux, ça pourri moins le sujet ]

La jeune hispanique se retourne vers ses camarades, son visage fendue d'une grimace.

"Qu'est ce qu'on fait ? J'ai l'impression qu'il n'y à personne ... ou que notre camarade se refuse à notre compagnie ..."

[HRP] désolé pour les jets de dés, m'sieur popa loup[HRP]

A l'approche du gros biker, le gros de la troupe de gamins s'enfuie à toute jambe, en lui faisant des doigts et des bras d'honneur. Mais les deux plus grands, âgés d'une doouzaine d'années, sentent qu'il y a peut-être un dollar ou deux à gagner, et ils restent pour entendre ce que Gunther a à dire.

"Jason ? fait le premier en se curant le nez. Ca dépend, tu nous files combien pour l'info ?"

Mais elle a beau insister, rien ne bouge à l'intérieur...

La main de l'hispanique fait jouer la poignée de la porte. Fermée à clef, bien entendu. Elle tape du pied par terre, crachant un juron dans sa langue natale. Tout semblait avoir été agencé pour la gonfler aujourd'hui.

Et s'il n'y avait qu'aujourd'hui ... Ils étaient propriétaires d'un territoire tout neuf depuis une poignée de jours. Poignée qui avait vue, successivement, débarquer des voisins cupides et peux respectueux des serments, des esprits malfaisants et des purs. Ils s'étaient fait tirés dessus, avaient du défendre leur territoire aux poings. Ce qui semblait appeler à devenir leur lieu de rassemblement avait été retourné par les flics.

"Qu'est ce que j'ai fait que le seigneur désapprouve pour me mettre autant d'épreuves sur la route ?"

La réflexion commençait à faire son bonhomme de chemin dans son esprit bouillant. Elle n'allait pas laisser s'emmerder par une putain de porte ...


"Gret' ... recule ..."

Elle même fit quelques pas en arrière. Pour l'élan. Elle ferma un instant les yeux, presque soulagée d'avance à l'idée de ce qu'elle allait faire. Puis un sourire carnassier apparut sur son visage, et elle s'élança vers la porte, cristallisation de ses frustrations actuelles. L'adrénaline déferla en elle tandis qu'elle atteignait le perron en quelques foulées. Puis elle tournoya sur elle même, envoyant son pied fouetter le bois misérable et craquelé de la porte.

Cette dernière vola littéralement en éclat, fendu en deux par la frappe de Gabrielle. Une pluie d'échardes se déversa dans l'entrée, tandis que les deux morceaux de la porte brisée retombaient à terre avec fracas.
Gabrielle contempla son oeuvre, presque en nage, le souffle court. Un certain sentiment d'euphorie l'avait presque envahie.

"Putain, ça soulage ..."

Puis sans plus de manières, elle se retourna vers ses camarades, Gretchen et Trävis, se courbant pour mimer un quelconque majordome.

"Si ces messieurs dames veulent se donner la peine d'entrer ..."


[HRP] 6 succès pour briser la porte contre une solidité de 2 - la subtilité, c'est pour les tapettes ![HRP]

Devant eux s'ouvre un couloir délabré, à la décoration inexistante : la tannière d'un mâle célibataire qui ne se soucie guère des tendances. Tout n'est que mobilier fonctionnel, et les rares bibelots ressemblent fortement à des cadeaux posés là faute de mieux, sans véritable but esthétique.

Par contre, les murs sont recouverts de photos. On y retrouve le grand Jason Minder à différentes époques de sa vie, mais toujours s'illustrant dans divers disciplines sportives ou de loisir : arts martiaux, football américain, pêche en haute mer, alpinisme, planche à voile... Voilà un homme qui a fait passé le fun avant tout dans la vie.

Un bref regard en arrière. Gunther est en train de négocier avec des mômes, visiblement. Bha, il les rejoindra bien assez vite ...
Gabrielle quitte sa pose cynique et fait quelques pas à l'intérieur du taudis. La déco intérieur ne la surprend pas vraiment, et elle se garde bien de la juger. Après tout, elle-même aspirerait à pareil résidence, à la place des cartons et couvertures trouées qu'elle connait si bien.

Les photos retiennent un peu plus son attention. Un sportif, un vrai. Quand à savoir s'il à poussé chaque discipline à fond ... peu probable. Mais le bonhomme doit être rudement bien bâti pour le coup. Elle se retourne brièvement vers ses camarades, lâchant d'un ton nerveux :

"Avec autant de saines activités, manquerait plus que notre ami soit l'hôte d'un esprit en vadrouille !"

Aussitôt sa tirade finit, elle baisse les yeux, se rabrouant mentalement. T'est conne ou quoi ? Va pas les faire flipper, tout le monde est déjà assez tendu comme ça ... Passer quelques pas à l'intérieur, elle détaille les lieux, se dirigeant directement vers ce qui doit être la chambre. Au pire, ils pourront toujours improviser pour la porte, si ce type leur tape une gueulante ...

Gretchen avait un instant pensé interrompre Gabrielle et lui suggérer de laisser faire une professionnelle, d'user de magie spirituelle pour éliminer l'obstacle "porte", mais, au final, faire ça à l'ancienne était bien plus discret... Une porte qui se flétri façon baudruche, c'était pas un truc discret, pas un truc à faire sur un pas de porte.

Haussant nonchalamment les épaules, la jeune fille emboîta le pas de son aînée, pas vraiment sûre de ce qu'elle cherchait... Un téléphone et son répondeur; quoique c'était vieillot comme installation, peut-être plutôt un portable, un ordinateur... Et peut-être aussi un truc de valeur ou deux, sait-on jamais qu'il traîna une vieille coupe en métal pas trop minable, ou "un truc" de "valeur"... 'y avait peut-être des cachetons pour athlètes qui valaient une poignée de billets ?

Elle se retourna vers Gabrielle.

" Ouvre les yeux, il a peut-être oublier un truc qui vaut du pognon. "

Gretchen se dit qu'inspecter la boîte aux lettres ne serait sans doute pas de trop non plus; avec un peu de chance, il y aurait du courier avec l'adresse de Chris là-dedans, ou un truc comme ça.

Gretchen fait irruption dans un salon sans dessus dessous. Mais aucune trace de violence dans les lieux, ce n'est que le fait d'années de laisser aller du locataire. Contre un mur, un vieux canapé recouvert d'un drap miteux et usé fait face à une télé catodique façon années 80. Sur le bureau, constitué d'une planche et deux traiteaux, un antique PC poussiéreux trône. Un jeu de fléchettes sur un mur, des boîtes de pizza vides, des cannettes de bière...

A l'extérieur, les gamins acceptent vite l'offre de Bear. Le premier se rue sur les billets, pendant que l'autre déclare, à grand renfort de gestes obscènes :

"L'est chez sa greluche, sans doute, la chaudasse qu'il baise en ce moment. Il est souvent barré, en ce moment, le Jason. Il nous fait plus les cours de boxe, comme avant. Il doit aller chez elle. Je sais pas comment elle s'appelle, c'est une grande bonne femme... Genre athlétique... Elle a des tout petits nichons... Ca te va ?"

[Gret', tu peux me faire un jet d'Astuce + Investigation (également appelé dé de la chance dans ton cas), et Gaby même jet, mais toi t'as des dés ]

Les filles passent vite fait en revue la pièce. Sur l'ordinateur, elles ne trouvent qu'une vieille version de Microsoft Office, quelques fichiers d'entraînement sous excel avec les poids soulevés à chacune de ses sessions de muscu, ses temps sur certaines distances, notamment le 10km et le semi-marathon. Il y a aussi une tripotée de photos numériques dans un dossier : toutes des virées sportives diverses et variées, des soirées entre potes, et, enfin, un sous-dossier appelé 'First Round' avec des photos du club de boxe illégal qui a lieu dans le bar désaffecté. On y voit clairement des combats de la-dite Chriss, les traits déformés par un rictus malsain de haine mêlée d'extase, ses muscles allongés saillants sous ses vêtements ajustés. Sa hargne fait froid dans le dos...

Dans le reste de la maison, elles ne trouvent rien de particulièrement intéressant... Du courrier à son nom, sans intérêt, mais avec tout de même une lettre de son employeur : une boîte de maintenance du Bronx appelée Mr. Fix it! dont ils ont l'adresse et le numéro de téléphone.

Les gamins secouent la tête, déçus de ne pas pouvoir se faire un ou deux biftons de plus sur le dos de ce bon Jason :

"Non, aucune idée. A plus !"

Et sur ces mots, ils battent en retraite, sans demander leurs restes.