[Université Columbia] Entretien avec un Ancien

Entretien avec un Ancien


La voiture nous avait déposés, Guy et moi, devant la porte de l'université. Toujours aussi imposante, avec ses immenses marches de granit. Mais elle avait quelque chose de rassurant, quelque chose d'immuable qui lui conférait une impression de sérénité. Finalement, cet endroit me plaisait assez.
Je gravis les marches qui menaient à la Low Library. La statue de Minerve était là, bien à sa place, sereine. Comme la gardienne bienveillante de tous les étudiants qui se trouvaient sur les Steps. Vu l'heure, le campus ne grouillait toutefois pas de monde...
Je gagnais rapidement la Low Library : il y avait de fortes chances pour que le Seigneur Vitaly m'y attende. C'était souvent là qu'il me donnait rendez-vous, et il devait savoir que j'aimais ce genre de bibliothèque. L'angoisse me prenait à présent : cet Elysée ne me semblait soudain plus si anodin que cela, et si Vitaly voulait m'en parler avant, c'est que l'heure était grave...

Lorsque Guy et Jean arrivèrent dans le hall de la bibliothèque, deux personnes vinrent à leur rencontre. Il s’agissait d’une femme d’âge mûr et d’un jeune homme d’une vingtaine d’année. Ils faisaient partie des serviteurs de l’Ordo Dracul.

_ "Liz, le Professeur vous attend. Veuillez me suivre je vous prie" dit la femme après avoir saluée les nouveaux arrivants.

Le Professeur, c’était le nom que les mortels employaient pour désigner le seigneur Vitaly. La femme s’appelait Margaret. Elle était l’une des nombreuses bibliothécaires de l’université. Le visage strict, coiffée d’un chignon et vêtue d’une chemise boutonnée jusqu’au cou, d’une veste sobre ainsi que d’une jupe classique, elle était le parfait archétype de sa profession.
Alors que Jean emboîtait le pas de sa guide, elle vit Guy s’éloigner en compagnie du jeune homme, un étudiant du nom de Jarvis. Elle l’avait déjà aperçu à plusieurs reprises. La plupart du temps c’était à lui que Guy avait affaire quand l’Ordre le convoquait. Son compagnon ne lui parlait pas souvent de ce qu’il faisait. Tout ce que Jean savait, c’est qu’il était employé comme chauffeur ou vigile.
Depuis qu’elle fréquentait l’Université Columbia, Jean avait croisé une dizaine de personnes qui servait l’Ordre. Beaucoup d’entre eux croyaient faire partie d’une confrérie voué à l’occulte, une société secrète de privilégiés qui dissertaient sur l’ésotérisme. Bien plus rares étaient ceux qui connaissaient la vérité sur le monde des Damnés.

Tandis que Margaret conduisait Jean à Vitaly, les immenses rayons de livres se succédaient. Dans son ensemble, l’Université Columbia ne comptait pas moins de huit millions d’ouvrages. De quoi occuper n’importe quels étudiants. Mais la Low Library était déserte à cette heure ci. Le froid qui régnait dehors en cette saison n’incitait pas les élèves à sortir étudier, sans compter que les fêtes de fin d’années approchaient et le relâchement qui allait avec également. Les quelques téméraires devaient se trouver à la Butler Library…

Arrivée devant une porte située entre deux rayonnages, la bibliothécaire invita Jean à rentrer puis se retirera.

Jean franchit le panneau de bois pour entrer dans la salle d’étude. L’endroit n’était pas bien spacieux. Une imposante table trônait au milieu de la pièce et de petites mais luxueuses bibliothèques en masquaient les murs. Devant l’une d’elles se trouvait le seigneur Vitaly. Ce dernier se retourna à l’entrée de Jean. Habillé de noir des pieds à la tête, sa puissante silhouette semblait accentuer davantage l’exiguïté des lieux.

_ "Bienvenue Jean. Prend place…" Vitaly accompagna sa phrase d’un franc sourire, désignant une chaise d’un léger mouvement de tête. Il s’assit face à son invitée avant de reprendre : "Avant que je t’entretienne plus avant sur l’Elysée qui se tiendra la nuit prochaine, aurais-tu des questions à me soumettre ?"

Je pénétrai dans la salle d'études en ressentant comme d'habitude cette espèce de respect presque religieux. Il se dégageait de ces lieux un je ne sais quoi d'imposant et de majestueux. Sans doute provoqué essentiellement par la présence du Seigneur Vitaly. Un homme tellement respectable que je ne savais jamais trop sur quel pied danser avec lui. Il avait tout des vampires tels que je les connaissais avant d'entrer dans la Danse macabre : sombre, immuable charismatique. Un véritable leader. Je savais que je lui devais à peu près tout, dans ce monde-ci, et s'il y avait quelqu'un envers qui j'avais des dettes, c'était bien lui. Mais il y avait tout de même entre nous une certaine confiance, qui accompagnait le respect que je lui témoignais.

Je hochai la tête et le saluai tout en m'asseyant :

Bonsoir, Seigneur. Pour ce qui est des questions, j'en ai tout un tas, mais elles concernent justement l'Elysée. Peut-être vaut-il mieux que vous m'en parliez avant...

Tout en discutant, j'essayais de capter dans quel état d'esprit il se trouvait, pour savoir à quel point l'Elysée le tracassait.

_ "Bien, allons droit au but." Vitaly rapprocha sa chaise de la table. "La prochaine tombée de la nuit marquera ton entrée dans la Danse Macabre. Je t’ai déjà expliqué ce que cela signifiait, les Traditions, les Coutumes et tout le reste, mais je tiens à te rappeler les dangers qui t’attendront à l’Elysée. Tu vas rencontrer la Famille, et malgré cette appellation, sache que certains n’hésiteront pas à te nuire." Les yeux de Vitaly ne quittait plus ceux de Jean. Pas même un battement de cil venait atténuer la fermeté de son regard. Cela donnait encore plus de poids à ses paroles.

_ "Comme tu n’es pas mon infant, on remettra en cause la légitimité de ta place dans cette ville. C’est pourquoi dorénavant tu devras te plier aux directives de la Reine. Tu te montreras ainsi utile et méritante. Car nul doute que dans les temps qui viennent tu devras faire tes preuves." Vitaly se pencha en direction de Jean avant de reprendre. "Je sais que tu sauras te montrer digne des enseignements de l’Ordre, tu es une élève douée !" Subitement, il poussa sa chaise en arrière puis se redressa d’un bond, appuyant ses poings sur la table ! Le visage grave, il surplombait de toute sa stature la jeune Vampire.

_ "Sur un ton plus léger, je dirai que j’ai toute confiance en toi !" lâcha-t-il calmement, sourire en coin. Les yeux brillants et le visage avenant, l’expression de Vitaly tranchait alors radicalement avec celle qu’il affichait quelques secondes auparavant. Décidément, c'était un personnage bien difficile à deviner.

Je respirai profondément et hochai la tête aux paroles de Vitaly :

Je vous remercie de la confiance que vous m'apportez. Je saurai en être digne, et vous n'aurez rien à me reprocher : je ferai mes preuves. Et personne n'aura à se plaindre de moi.

Le regard dur et inflexible, j'avais prononcé ces paroles sans l'ombre d'une hésitation : je savais ce que je valais et je prouverais à la "Famille" que ce n'était pas parce que je n'avais pas de Sire que j'étais une incompétente. Jean Fanning n'allait pas se laisser clouer le bec comme ça ! Je repris :

J'imagine qu'une attitude humble et soumise de ma part sera de rigueur...

Ce n'était même pas une question.

Et hors de question que Guy m'accompagne là-bas, n'est-ce pas ?

Vitaly, toujours souriant, contourna la table pour se rapprocher de sa disciple.

_ "Cela va sans dire" dit-il en croisant les bras. Lentement, il longeait les murs de la salle d’étude. Alors qu’il arrivait à côté de Jean, il reprit. "Il en est de même quant à Adam, il ne viendra pas. Il faut que tu comprennes qu’il est l’une de tes faiblesses, et pas la moindre. Personne n’est sans failles mon enfant. Il ne faudrait pas bien longtemps à tes adversaires pour qu’ils comprennent l’importance que tu attaches à ce mortel. Comment réagirais-tu si tu le perdais ?"

Vitaly s’arrêta juste derrière Jean, ne lui laissant pas le temps de répondre.

_ "Au sein de notre famille les goules ne sont que des esclaves, au mieux des serviteurs. D’ici peu, c’est sûrement ce qui vous arrivera. Votre relation n’en sera pas moins forte, au contraire, mais elle sera... différente. La Vitae change tout, pour ne pas dire corromps. Mais tout ça, tu le sais déjà n’est-ce pas ?"

Vitaly reprit sa marche, contournant une nouvelle fois la table. Son visage avait retrouvé son expression habituelle, à nouveau imperturbable.

Je serrai les dents pour ne pas montrer à quel point ce qu'il me disait me touchait. Bien sûr que Guy comptait plus que tout au monde pour moi. Mais que croyait-il ? Que j'allais le laisser devenir une "faiblesse" ? Je n'étais pas irresponsable à ce point-là, et je savais encore parfaitement bien faire la part des choses.

Je relevai le menton et le fixait droit dans les yeux, impassiblement :

Je ne vois pas du tout ce que vous voulez dire. Je sais quelles sont mes forces et mes faiblesses. Je ne laisserai rien prendre le dessus sur ma raison. Quant à Gu...

Je me repris au dernier moment : décidément, j'avais du mal à m'habituer...

Quant à Adam, je sais parfaitement à quoi m'en tenir. Mais revenons à cet Elysée...

Voilà le point qui m'intéressait vraiment. Mais je tâchais de poser la question d'un air suffisamment détaché pour ne pas dévoiler toute l'importance que je lui accordais.

Ce sera l'occasion de rencontrer un grand nombre d'autres vampires. L'occasion de me renseigner aussi sur la Famile et ses membres. Est-ce que cela paraîtra déplacé si je pose quelques questions par ci par là ? Ou vaudra-t-il mieux que je garde le silence ?

Le seigneur Vitaly fixa Jean pendant plusieurs secondes. Chacune parut durer une longue minute. Il finit par se rasseoir.

_ "Il te sera impossible de garder le silence…" Vitaly marqua une courte pause qui semblait vouloir dire comme d’habitude "… Car tu seras prise à partie par les membres de la Famille. Il est donc légitime que tu puisses également leur poser des questions. Il faut que tu comprennes qu’au prochain crépuscule tu seras libre, soulagée de ton tuteur sénile."

A sa propre remarque, Vitaly s’esclaffa. Son rire faisait froid dans le dos. Il ressemblait alors aux grands vilains des vieux James Bond qui riaient de leur génie tout en expliquant à 007 leur plan maléfique.

_ "Les vampires les plus importants de New York seront présents demain" reprit-il plus posément. "Ainsi, toutes les circonstances seront réunies pour que tu puisses mener ton enquête à propos de cette fameuse nomade. Car je gage que c’est de cela qu’il s’agit."

Souriant, Vitaly ne détournait plus son regard de celui de Jean.

J'esquissais un sourire à la remarque de Vitaly :

Comme toujours, je ne peux pas vous cacher grand chose, Seigneur... Il s'agit bel et bien de cette nomade. Je pense que je ne serais pas la seule à apprécier de découvrir qui est son commanditaire. Il y a fort à parier qu'il ait violé la Loi de Progéniture, et certains hauts dignitaires de la Famille seraient ravis de découvrir qui il est. Peut-être serait-ce là une occasion de faire mes preuves, tout en assouvissant ma vengeance personnelle.

Puis, je fronçais les sourcils et revenais soudain sur ce que venais de dire Vitaly :

Mais... Qu'entendez-vous par "tu seras soulagée de ton tuteur sénile" ? Vous comptez me laisser voler de mes propres ailes après cet Elysée ? Ou bien vous éclipserez-vous juste le temps de la soirée ?

Je n'osais pas me l'avouer mais voir Vitaly me laisser livrée à moi-même dans cet océan de requins m'angoissait légèrement. Je savais que j'avais les épaules solides, mais mon manque d'expérience était une faiblesse certaine...

_ "En effet, une fois l’Elysée achevé tu t’aventureras seule dans la Danse Macabre. Pour autant, je demeure résolu à te prêter main forte si besoin est. Et bien sûr tu pourras toujours compter sur l’Ordre car dorénavant, tu es une Dragon !" annonça Vitaly. Ce dernier mot jouissait d’une profondeur bien particulière dans la bouche de l’Ancien.

_ "Pour en revenir à la damnée que tu recherches, il y a très peu de chance pour que la Famille de New York s’en préoccupe, d’autant plus si elle s’avère être une vagabonde. Comme tu t’en rendras toi-même compte lors de la prochaine nuit, la cour vampirique a déjà bien assez à faire avec tous ses conflits latents. Toujours est-il que ta nomade attise ma curiosité, et plus encore la question de ton Sire…" Vitaly porta l’une de ses mains à son menton. Il semblait en pleine réflexion quand il continua. "D’ailleurs, peut-être partages tu le même père que cette vampire. Si tel est le cas, l’Appel du sang servira ta chasse. Mais pour ça il te faudra être patiente, le temps de pleinement assimiler ta non vie. Ne dit-on pas que la vengeance est un plat qui se mange froid ?"

L’air intéressé, Vitaly attendait une réponse de son apprentie.

Je restai quelques instants immobile : entendre Vitaly m'annoncer officiellement mon admission au sein de sa ligue, voilà qui n'était pas pour me déplaire, mais je ne m'attendais pas à ce qui le fasse ce soir. Je finis pourtant par hocher la tête en signe d'assentiment et de remerciement, avant de passer au sujet qui m'intéressait vraiment.

Je sais bien qu'elle n'intéressera pas la Famille ici, sauf s'il se trouvait, par hasard, qu'elle est impliquée dans certaines luttes ou rivalités... Je saurai bien dénicher quelque chose qui fera d'elle une proie pour d'autres vampires que moi.

Je croisai les bras et fixai Vitaly dans les yeux.

Quant à l'Appel du Sang, j'espère bien que cela me servira, mais il me faudrait quelqu'un pour m'apprendre à le maîtriser... En attendant, je me servirai de moyens plus "conventionnels". Ce ne sera pas la première fois que je traque quelqu'un d'insaisissable.

Je fermai brièvement les yeux. Evoquer ce sujet me rappelait trop douloureusement toute ma vie d'avant. Mais il n'était pas question de me laisser submerger par la mélancolie ! Non, surtout pas maintenant.

Et plus j'y mettrai du temps, plus elle regrettera de m'avoir échappé...

_ "Je ne doute pas une seule seconde de ta détermination mon enfant. D’une façon ou d’une autre, la nuit viendra où tu auras ce que tu recherches." lança Vitaly. "Et puis je vois que tu es fin prête pour l’Elysée ; tu penses déjà user d’autrui pour exécuter tes propres desseins… Peut-être est-ce finalement aux autres de te craindre" plaisanta-t-il.

Vitaly mit l’un de ses coudes sur la table, son menton appuyé sur sa main. Il humidifia alors son pouce pour ensuite effleurer sa moustache afin d’en affiner les pointes, et fit de même avec sa barbichette. Quelqu’un âgé de plusieurs siècles devait cumuler ce genre de manie. C’était pourtant la seule que Jean lui connaissait.

_ "D'ici peu tu te présenteras donc comme Liz, tout simplement. Libre à toi d'en afficher davantage, ou pas. Mais alors que tu t’entretiendras avec la Famille, garde bien à l’esprit qu’une simple réponse de ton interlocuteur pourrait s’avéré être une faveur. Rien n’est gratuit. Car comme tu viens de l’exposer à l’instant, nul n’est désintéressé." Le vieux vampire discourut tandis qu’il regardait fixement l’une des bibliothèques de la salle d’étude.

Vitaly ne croyait pas si bien dire : peut-être allai-je me révéler plus dangereuse que les autres, à ce petit jeu de pouvoirs qui semblait constituer la majeure partie du monde vampirique... En tout cas, il était clair pour moi que je ferais en sorte de leur faire comprendre rapidement que, malgré mon entrée récente dans la Danse macabre, je n'avais pas l'intention de me laisser marcher sur les pieds. Je hochai une nouvelle fois la tête (c'était en général la seule attitude à adopter face à celui qui me faisait office de Sire).

Je saurai me souvenir de vos conseils au bon moment, Seigneur.

Je ne voyais rien de plus à ajouter. Cependant, le regarder me parler alors qu'il fixait autre chose que moi me mettait mal l'aise. Je me contraignai à ne pas jeter ouvertement un oeil sur ce qu'il regardait : la curiosité pouvait être utile, mais c'était également une faiblesse. Et je savais que je devais mettre à profit mes entretiens avec Vitaly pour éliminer ce genre de défauts rapidement, pour ne pas paraître trop vulnérable aux yeux des autres. Et surtout pour lui prouver à lui que j'étais digne de sa confiance.

_ "Bien" déclara brusquement Vitaly tout en se levant. "Nous verrons tout cela le moment venu, c’est certain."

Posément, le seigneur Vitaly s’approcha de Jean. Il l’invita à se mettre debout. L’homme faisait bien deux tête de plus qu’elle.

_ "Une fois de plus ce fut un plaisir de converser avec toi Jean" dit-il à son apprentie. Ils étaient maintenant tellement prêt l’un de l’autre que cette dernière aurait senti son souffle sur son visage si il en avait eu un. "Tu me vois navré de mettre un terme à notre entrevue mais j’ai à faire. Et puis tu m’as convaincu, je suis paisible quant à l’Elysée. Demain soir, Dulce viendra te chercher dès ton réveil. Je te présenterai le reste des Dragons."

Vitaly leva son bras, indiquant la sortie. Jean se dirigea donc vers la porte qui l’avait vu rentrer tandis que son maître restait parfaitement immobile, son regard rivé sur elle. On aurait pu croire qu’il était prêt à lui bondir dessus, comme un animal en chasse. Cette aura de prédation était typique du clan de Vitaly ; les Gangrel, aussi appelés les Sauvages. Mais comme à l’accoutumée, le sourire de l’Ancien mit brutalement fin à cette atmosphère angoissante. Il reprit :

_ "Margaret va s’occuper de toi. C’est la dernière fois que tu seras ainsi chaperonnée." Le Seigneur Vitaly fit un clin d’œil à sa protégée. "A toi la liberté mon enfant !"

Je me forçai à rester immobile tandis que Vitaly s'approchait ainsi de moi. J'avais beau éprouver le plus grand respect pour lui, sa proximité m'indisposait légèrement. Peut-être était-ce l'aura de sa Bête... Peut-être autre chose... Encore une fois, je hochai la tête en silence : parler n'avait jamais été mon fort.

Très bien. Je vous remercie de cette entrevue. Je sais maintenant comment aborder l'Elysée de demain.

Je m'inclinai légèrement.

Je vous souhaite une bonne fin de nuit, Seigneur.

Puis, je tournai les talons et quittai la pièce. Une fois sortie, je poussai un soupir. Ou du moins ce qui se rapprochait le plus du soupir, pour quelqu'un qui n'avait plus de souffle. Je fermai les yeux un instant : la soirée du lendemain n'allait pas être de tout repos... Mais mieux valait ne pas y penser maintenant ! Je cherchai Margaret des yeux pour qu'elle me reconduise à la sortie et me permette de retrouver Guy rapidement.

En un instant, Margaret surgit d’une des nombreuses allées de la bibliothèque pour venir à la rencontre de Jean, ou plutôt de Liz. Elle la fit raccompagner chez elle après lui avoir dit qu’elle ne reverra Adam qu’à son prochain réveil parce qu'ils avaient besoin de lui. Margaret devait être plus qu’une simple domestique car elle paraissait en savoir beaucoup au sujet des sombres pensionnaires de l’université.

Une voiture ramena donc Jean chez elle, dans son appartement sur le boulevard de Riverside Drive, à cinq minutes tout au plus de Columbia. Là, alors qu’elle sentait l’aube s’approcher, elle s’endormit. A la prochaine tombée de la nuit, elle savait que les choses sérieuses commenceraient.

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[HRP] La suite dans le forum de l'Ordo Dracul, dans le sujet La présentation de Liz. [/HRP]