[Tomorrow's Light] Un mystérieux rendez-vous

_ "Je ne comprends rien à l'espagnol, Mme Bustillo, mais je vous en remerci !"

Terence affichait un large sourire comme ce fut rarement le cas depuis quelques mois. Il avait trouvé quelque chose en quoi croire et ce projet était réalisable. Il pourrait aider et améliorer ce quartier de Brooklyn. Tout semblait s'arranger. Et la Cassidy & Baycroft's devrait accepter ce projet, car il était minutieusement organisé et c'était là la principale qualité d'un projet pour la compagnie. Considérant d'autant plus qu'il lui donnerait une image digne de celle projetée par les lauréats d'un prix Nobel. Vraiment, il avait peine à y croire. Même Valentina, qu'il s'était mis à soupçonner de l'avoir séduit afin de l'entraîner dans son projet semblait lui porter une attention réelle. Lui qui craignait de voir tout s'écrouler ou même de mourir il y a quelques heures se retrouvait devant ce qui pourrait bien être l'accomplissement de sa vie.

Il fixa longuement Valentina dans les yeux, puis, après ce moment, il ajouta, déterminé:

_ "J'irai défendre le projet devant mes patrons dès que j'en aurai l'occasion. je doute avoir plus de mérite que vous tous, car même si je n'habite pas dans ce quartier, je vis dans cette ville et je cotoye ses habitants chaque jour."

Enfin, il se sentait lui-même.

Le directeur s’excusa pour la familiarité de Mariella, ces deux là s’échangeant brièvement quelques brimades qui tenaient bien plus de la taquinerie que de réels reproches. Wright et Bustillo avaient un sacré caractère, mais à les voir il était évident qu’ils étaient de proches amis. Tout ça fit sourire Hudson et Valentina qui devaient être habitués à ces échanges musclés. Quant à Malcolm, il n’était plus là. Il avait dû être renvoyé chez lui avec un avertissement en poche. Toujours était-il que l’ambiance était au beau fixe, et finalement tout le monde se félicitait des bonnes nouvelles du moment, se réjouissant des jours à venir qui ne manqueraient pas de servir leur projet.

Terry et Roger échangèrent leurs coordonnées, ce dernier garantissant qu’il serait toujours disponible. Dans cet ordre d’idée, il déclara donc se tenir à la disposition de Terence si celui-ci avait besoin de sa présence pour défendre son projet devant la Cassidy & Baycroft company.

Passé la bienséance de rigueur, Wright sortit une bouteille de whisky d’un tiroir de son bureau, tandis que Bustillo, elle, prit cinq verres dans une armoire qui ressemblait pourtant à une bibliothèque. Le directeur s’empressa de verser l’alcool ambré, et tous finirent par trinquer à la réussite du projet.

Encore une demi heure passa durant laquelle toutes ces personnes parlèrent de tout et de rien, et ce toujours dans une bonne humeur manifeste. Il était vingt-trois heures trente quand ils se décidèrent à fermer le Tomorrow’s Light, bien qu’ils assurèrent à Terry que les portes du centre lui étaient dorénavant toujours ouvertes. Tout ce petit monde se sépara donc, Wright ne cachant pas son empressement à ravoir des nouvelles de Terence…




Terry était à nouveau seul avec Valentina, dans la ruelle qui l’avait vu se faire agresser en début de soirée. La vision enchanteresse de la jeune femme lui faisait oublier la morsure du froid qui régnait alors, tant le jeune Cassidy s’efforçait une fois de plus à rester de marbre face au glamour dont Valentina était la définition même.

_ "Je vous raccompagne Terence ?" demanda la ravissante blonde, alors que son cou était comme offert au vent glacial de la nuit.

Valentina était d’ailleurs si peu chaudement vêtue que son manteau n’atténuait en rien l’harmonie de ses courbes voluptueuses.

_ "Oh, oui, ça me ferait plaisir." Dit humblement le jeune homme qui était légèrement intimidé par la somptueuse blonde. Une passa une main sur sa nuque, ébouriffant par le même ses cheveux bouclés.

Il ne ressentait quasiment plus ses blessures, ce qui l'enchantait, mais il ignorait toujours si c'était parce que la morsure du froid atténuait ses sens. Chose sûre, ce qui atténuait sa vue, c'était Valentina... Enfin, il n'allait pas se faire avoir ainsi, jamais le premier soir! Qu'il aurait aimé dérroger à ce principe puritain par contre. Ses émotions pour Valentina était toujours aussi étranges; un soupçon de frayeur, de répulsion, d'un je ne sais quoi, de l'anticipation probablement mélangé à beaucoup d'admiration, de désire et de stupéfaction.

L'écossais fluide coulait désormais dans ses veines, sa vigilance était quelque peu affectée, mais pas au point de le faire tituber ou dire des âneries; un bon politicien savait où était sa limite en matière d'alcool, puisqu'ils y étaient majoritairement accros.

Terence se tourna doucement vers Valentina, respirant profondément, comme s'il pouvait humer son parfum naturel, puis, dit environ ceci:

_ "Hmm. Je suis venu en Taxi, il faudra donc faire venir un. À moins que vous ne possédiez un moyen de transport ou que vous n'ayez une autre idée. Que préférez-vous?"

La timidité aurait dû le submerger, mais l'alcool l'avait aidé à se défaire de ses inhibitions quelque peu.

_ "Il ne sera pas nécessaire d’appeler un Taxi, je suis venu avec ma voiture" répondit Valentina, tandis qu’elle marchait côte à côté avec Terry.

Les deux jeunes gens quittèrent la ruelle pour arriver à l’endroit où Terry, deux heures plus tôt, avait rencontré le mystérieux type à la casquette des yankees. Valentina traversa la rue pour s’arrêter devant une voiture qui ne pouvait être que la sienne. Il s’agissait d’une splendide Aston Martin V12 Vanquish, gris métallisé.

*tuik tuik*

_ "Montez Terence, je vous en prie" indiqua Valentina après avoir ouvert à distance sa voiture qu’elle contourna pour s’installer côté conducteur.

Terry monta donc du côté passager alors que Valentina était maintenant derrière le volant. Le téléphone de cette dernière sonna. Alors comme pour s’excuser, la jeune femme fit un signe de tête à Terence avant de répondre.
_ "… oui, vous pouvez y aller" finit-elle par dire sèchement juste avant de raccrocher. Elle venait de marquer un long silence durant lequel elle avait dû écouter son interlocuteur.

Valentina s’enfonça dans son siège et démarra son luxueux bolide qui ronronna harmonieusement…

Après quelques minutes seulement, la puissante Aston Martin s’engageait déjà dans le Brooklyn Battery Tunnel pour rejoindre Manhattan. Valentina était concentrée, en premier temps sur sa conduite à la vue des voitures qu’elle avait doublées sans retenue, mais aussi parce qu’elle paraissait en pleine réflexion.

Terry, en plongeant dans l'habitacle de la luxueuse bagnole anglaise, huma doucement l'intérieur. Il adorait cette odeur de cuir, ce parfum velouté qu'on ne retrouvait que dans ces petits bijoux anglais. Il regardait Valentina d'un air intrigué; elle était à la fois distinguée, c'était peu de le souligné, mais tout aussi engagée. Un paradoxe vivant, un peu comme lui.

Lorsqu'elle répondit au téléphone, Terence en profita pour admirer l'intérieur de la voiture. Il passa sa main sur le cuir somptueux du siège passager. Il en admira la fermeté et la souplesse. Non pas que ce genre de voiture l'impressionnait, son père devait en avoir plusieurs dans la maison de campagne et par pure tradition anglaise, quelques unes avaient le volant à droite, question de faire bien jaser le voisinage huppé. Il tendit l'oreille a ce qui aurait pu sortir plus fort du portable, mais Terence désirait à tout prit éviter d'avoir l'air impoli, il n'y porta donc pas une grande attention. Considérons aussi le fait qu'il avait pris quelques verres, qu'il s'était fait tabassé, qu'il avait mal dormi et qu'il avait discuté projets une bonne heure. De quoi mettre même le plus fervent des activistes au sol.

Lorsque Valentina fila vers Manhattan, Terence passa discrètement sa main dans la poignée. Pas qu'il ne faisait pas confiance à une pure inconnue qui en savait beaucoup sur lui, qui était fringuée comme une top-modèle et qui avait une bête de puissance cylindrée sous le pied - lui-même monté sur de merveilleuses chaussures -, mais c'était à peu près ça. Déjà qu'elle conduise comme le font les pilotes de Formule-1 à Monaco n'avait rien de rassurant. Néanmoins, il garda un air froid, décontracté, vive l'alcool.

Afin de ne pas déconcentrer la jeune dame, Terence attendrait qu'ils aient ralentis, voire qu'ils se soient garés avant de la questionner, mais il lui dirait environ ceci:

_ "Loin de moi l'idée d'interférer dans votre vie privée et il serait tout à fait poli de mettre un frein à mon élan interrogateur, mais qu'est-ce qui vous préoccupe tant, Valentina ? Y a-t-il un rapport directe avec notre marché et le Tomorrow's Light ? Je suis ouvert à la conversation et si je puis vous aider le moindrement, ne serais-ce qu'en vous écoutant... " La voix de Terence se perdit doucement, un regard attendri et intrigué défilait sur Valentina, s'arrêtant surtout sur ses yeux hallucinants qui donnaient toujours l'impression à Terence d'y nager.

Quand bien même avait-il prêté l’oreille, Terry n’avait rien entendu de ce qu’avait dit celui ou celle qui avait appelé Valentina. Le fait que cette dernière ait allumé son autoradio high-tech avait mit à bas le moindre espoir pour Cassidy d’entendre quoi ce fut, si ce n’est Nick Cave dont le cd tournait…

* Breathless *

Après avoir dévoré la West Side Highway, l’Aston Martin ralentit pour s’engager sur la 56ème. Alors qu’ils étaient arrêtés à un feu, Terry demanda donc à Valentina ce qui n’allait pas, ce à quoi elle répondit :
_ "Rien de bien important, rassurez vous Terence. Vous n’allez pas tarder à être grandement occupé par la promotion du projet de South Brooklyn, alors inutile de vous encombrer davantage avec de menus problèmes."

Le fait de répondre à Terry sembla détendre la jeune femme, oubliant ce qui devait la tracasser. Alors que le feu lui ouvrait le passage, elle accéléra brusquement pour remonter Amsterdam Avenue.

_ "Mais croyez bien que je suis charmée par votre prévenance" confia Valentina de sa voix toujours si satinée, retrouvant par la même un charmant sourire. Elle alla jusqu'à regarder Terry alors qu’elle conduisait toujours aussi… énergiquement. Le jeune Cassidy, lui, relâcha sa main qui était jusqu’alors crispée sur la poignée, tandis qu’il était à nouveau victime du vertige que provoquait la profondeur du bleu de ces yeux si subjuguants.

Terry revint brusquement à la réalité quand Valentina tourna tout aussi soudainement pour rejoindre Broadway. Ils étaient maintenant proches du luxueux appartement de Terence, comme si la jeune femme savait exactement où il résidait.

* Carry Me *

Terence indiqua grossièrement où il habitait. Il se dit qu'il avait dû laisser échapper l'info' durant une de leur conversation pour qu'elle sache aussi exactement dans quel quartier, probablement une des fois où il s'était noyé dans le bleu des yeux de Valentina.

Une fois la voiture garée devant la porte menant au hall de son appartement, Terence détacha la ceinture de voiture, entr'ouvra la portière, question que la lumière du plafonier s'allume et fixa Valentina dans les sourcils; il avait eu son quota d'yeux pour la soirée.

_ "Loin de moi l'idée de paraître impoli ou impertinent, Valentina. C'est même sans arrière pensée que je vous invite à monter... Question de prendre un café ou une tisane, question de vous détendre un peu. Vous semblez ... nerveuse et votre manière de conduire en est un bon reflet." Les dernières paroles se voulaient sur un ton humoristique, question de détendre un peu l'atmosphère. Néanmoins, il paraissait parfaitement honnête, sincère.

_ "Libre à vous de venir maintenant ou plus tard. Vous n'aurez qu'à dire au portier que vous êtes l'invité dont Terence lui à parler. Ce sera ensuite au cinquième étage... En fait, je possède l'étage, donc trouver la chambre ne sera pas un problème. Merci beaucoup pour le transport."

Il cligna de l'oeil, l'air plus confiant. Il s'extirpa de la voture sans laisser le temps à Valentina de lui répondre et, fermant doucement la portière, se précipita vers ses escaliers qu'il monta marche par marche à petits pas rapides. En montant, un dénoua complètement sa cravate et sourit légèrement.

_ "Terence" héla Valentina alors qu’elle s’appuyait sur la portière de sa voiture dont elle venait de descendre. "Nous avons tous les deux une journée difficile qui nous attend, alors je vais vous laisser profiter d’un repos bien mérité. Vous serez donc au mieux de votre forme demain soir quand je viendrai vous chercher pour que l’on dîne ensemble, et c’est même vous qui conduirez si le cœur vous en dit." Maintenant sur le ton de la plaisanterie et souriante, bien qu’un peu gênée, la jeune femme continua. "Et j’espère que mon départ précipité n’éclipsera pas mes avances éhontées dont vous avez été victimes."

D’une manière espiègle que Terry ne lui connaissait pas, Valentina lui lança un baiser doublé d’un clin d’œil avant de partir au volant de son bolide, et ce sans même attendre la moindre réaction de sa part. Le jeune homme se trouvait maintenant juste devant l’entrée de l’immeuble, à côté du portier qui lui avait déjà ouvert la porte. Alors qu’il s’apprêtait à saluer monsieur Cassidy, l’homme avait été stoppé dans son élan, trop accaparé qu’il était par la beauté de la jeune femme à l’Aston Martin.

_ "Bah ça monsieur Cassidy... C’est de la belle voiture ! Une Aston Martin V12 Vanquish" dit le portier l’air éberlué tandis qu’il regardait l’engin disparaître au coin de la rue.

Il avait enfin atteint le seuil, face aux massives portes et au portier, lorsque Valentina l'appela. Il se retourna, posant son regard sur la jeune femme.

Il acquiesca doucement lorsqu'elle refusa poliment son invitation et souria lorsqu'elle l'invita à dîner. Il dévoilà même ses dents en un rictus amusé lorsqu'elle fit mention des avances.

il s'inclina légèrement lorsqu'elle lui envoya le baiser et le clin d'oeil et il se retourna vers le portier.

_ "Vous avez bien raison, toute une voiture, toute une voiture..." Terence savait très bien que le portier avait été davantage frappé devant la jeune femme que la voiture... Elle aurait aussi bien pu être en lada ou dans une vieille ford tempo.

Terence entra dans son appartement aux allures de lofts tellement il était vaste et alluma, à l'aide d'une petite télécommande, son système de son. Il choisi un post de radio, cherchant à avoir écouter des nouvelles, mais il arrivait vers la fin du bulletin et l'animateur annonça:

_ "Chers auditeurs ! Directement de l'album Violator et un des plus grand tube de 1990, voici la superbe Enjoy The Silence de la mythique formation qu'est Depeche Mode !"

Terence pris deux ou trois pillules, question de calmer son visage qui élançait et sur lequel il appliqua un filet mignon; il ne pouvait se permettre d'avoir un oeil au beurre noir. Il se prépara et sauta sous les couvertures où il passa une très bonne nuit... Paisible, car tout allait bien.

Le lendemain, il annoncerait à son père et à Baycroft qu'il s'était vu soumettre un projet prometteur et qu'il le leur présenterait sous peu et après cela, il irait peut-être faire un tour dans une petite clinique privée pas très loin question de faire examiner ses blessures. Mais la seule chose qui lui importait vraiment, cette journée là, c'était son rendez-vous avec Valentina. Il l'attendit avec impatience...

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[HRP] La suite dans le sujet [Upper West Side] Tête à tête, forum Manhattan. [/HRP]
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