[Plaza Hotel] Une énième réception... et son buffet

Une énième réception... et son buffet


21h00, une réception huppée...

Il arrive à pied en sifflotant, vêtu d’un costume queue-de-pie carrelé blanc et noir. Certains rient, d’autres admirent, mais personne n’est indifférent. Alors qu’il quitte la rue et arrive devant l’entrée de l’hôtel, il fait un petit signe de la tête au portier qui lui ouvre la porte en tremblant. Il sait bien où se rendre, ce n’est pas la première réception de ce genre à laquelle il assiste. On l’accueil à grand renfort de sourire, de Monsieur ceci, et Monsieur cela ; Monsieur a fait bon voyage ? Monsieur nous ravit de sa présence. Tous ces bavardages futiles. Mais le Chroniqueur reste poli. Il sait à quel point son standing repose sur ces petites gens qui l’adorent. Toutes ces foules qui le fascinaient tant ont perdu de leur piment lorsqu’il a découvert ses frères des ténèbres et leurs rivaux. Surtout ceux-là, qui ont déjà alimenté sa poésie et sa plume, qu’il connaît tant qu’il peut entendre leur réponse avant même d’avoir posé une question.

Le salon lui ouvre ses portes, « Monsieur Everheart » est annoncé, des regards pétillants de champagne se tournent vers lui, mais il sait qu’ils ne voient pas l’homme, encore moins l’immortel, ils ne voient que le nom, le succès, une promesse d’aventure et de rebondissements dans la vie monotone de ceux qui ont tout. Certains aperçoivent Mark Everheart et lèvent leurs verres dans sa direction en signe de reconnaissance, le Chroniqueur se met donc en retrait et laisse sa part d’humanité prendre le dessus. Les mondanités sont une étape incontournable de la chasse, et ce soir, il a faim.

…

La soirée battait son plein. L’effervescence avait gagné les convives de cette grande réception. Même sur les gens les plus riches, le luxe du légendaire hôtel faisait toujours son effet. La grande salle de bal, immense, était d’un blanc ivoire. Une blancheur mise en valeur par les nombreuses draperies rouges, comme les grands rideaux qui encadraient la scène, si imposants qu’ils allaient du sol jusqu’au plafond pourtant si haut. Ce dernier était agrémenté de vastes et somptueux lustres. Les colonnes qui parsemaient la salle ainsi que les dorures qui ornaient les murs, sans compter les diverses mezzanines, achevaient l’impression d’être dans un château digne d’un conte de fée.

Toute la bonne société, ou presque, s’était ici donnée rendez vous. Certains dansaient sur la musique classique que jouait l’orchestre, et d’autres avaient formé de nombreux groupes de discussion ici et là tandis que le personnel de l’hôtel assurait toujours et encore un service irréprochable. On pouvait assister à une débauche de richesse, des chatoyantes robes et autres luxueux bijoux jusqu’à la teneur des propos de toutes ces personnes huppées. La soirée étant déjà bien avancée, la plupart d’entre eux devaient déjà avoir oublié la raison de leur présence ici : une énième réception en l’honneur d’une œuvre caritative. L’ouverture à Kigali, au Rwanda, d’une école entièrement financée par un magnat de la finance internationale.

D’un pas assuré, un homme avançait parmi cette foule, ignorant les rires et les bavardages. Il se contentait d’un signe de tête ou d’une brève poignée de main pour répondre aux personnes qui le saluaient. Apparemment, nombreux étaient ceux qui le connaissaient. Pourtant la soirée ne semblait pas être au goût de cet homme. Il était assez grand, large d’épaule et vêtu d’un chic costume sur mesure. Il arborait une moustache soignée et une queue de cheval qui néanmoins n’enlevait rien à sa stature. Il s’agissait de Fernando Alveia.

Tandis qu’il se demandait ce qui avait coûté le plus cher entre l’école pour les orphelins rwandais et cette réception, il vit celui qu’il cherchait ; Mark Everheart. Celui-ci était entouré de cinq jeunes gens qui semblaient boire ses paroles. Son auditoire le couvrait d’éloge et de sourire. Mark s’était vite fait à sa nouvelle condition et Fernando en était fier. En seulement quatre ans, son infant si excentrique avait gagné une place de choix au sein de l’Ordre, et il la méritait amplement. Il était même connu sous un pseudonyme ; the Chronicler. Fernando souriait. Il ne comprenait pas comment Mark pouvait avoir tant d’aisance au milieu de ces mondanités où régnaient l’hypocrisie et le superflue.

Fernando se dirigea vers Mark. Ce qu’il allait lui annoncer allait sûrement le ravir... Dumoins dans un premier temps.

_ "Il est vrai que ces réceptions m’excèdent en tous points. Mais que veux-tu, je suis bien plus âgé que le Chroniqueur…" Souriant brièvement, Fernando saisit le bras de Mark pour l’accompagner dans un endroit plus adéquat. Ils étaient tous deux proches de l’orchestre, à l’abri des oreilles indiscrètes, quand l’Ancien reprit :

_"J’ai une bonne nouvelle pour toi. L’Ordre sollicite ta présence lors du prochain Elysée qui ne saurait tarder maintenant. Vois-tu, contrairement aux formalités habituelles, ce rassemblement risque d’être fort houleux. Le seigneur Vitaly a donc pensé à toi, gageant que cela t’intéresserait au plus haut point." Fernando marqua une courte pause avant de continuer, empêchant sur l’instant le Chroniqueur de prendre la parole. "Et il va de soi qu’il compte également sur toi pour te montrer utile, ce que je lui est assuré !"

Le sombre regard du vampire était fermement posé sur son infant, dans l'attente d'une réponse.

The Chronicler suit son Sire sans rechigner. Il est impatient de savoir quelle nouvelle nécessite qu'ils s'éloignent de la foule. Lorsque Fernando la lui révèle enfin, un sourire prédateur se dessine sur les lèvres du Daeva.

« Parfait, » dit-il avec une petite révérence. « Tu sais à quel point j'aime observer les attitudes des nôtres. Si les débats s'enveniment, ça n'en sera que plus captivant. Je n'ai jusqu'ici eu que peu d'occasions d'observer la Bête à l'œuvre. je suis sûr que beaucoup de conclusions pourront être tirées de cette situation. »

Il pause et joue un instant avec sa longue boucle d'oreille d'ivoire, déjà absorbé par l'anticipation de cette réunion. Il ajoute tout de même, les yeux toujours dans le vague :

« Dis au Seigneur Vitaly qu'il peut compter sur son Chroniqueur. S'il a besoin qu'un interrogatoire soit mené, à notre façon, ce sera fait. Je suis et demeure à ses ordres et aux tiens, Fernando. »

Il fait une nouvelle révérence, puis attrappant le bras de son Sire, il commence à marcher avec lui le long de la scène, demeurant loin des mortels présents.

« Mais dis m'en plus. Tu as attisé ma curiosité. Que sait-on sur les nouveaux arrivants qui rendrait cet Elysée si agité ? Le mien n'avait été que pure formalité. Aurions-nous une recrudescence de Sauvages ? Ou pire, de Seigneurs ? » the Chronicler a une moue dégoûté lorsqu'il prononce ce nom.

L'éclat de l'inspiration est déjà dans ses yeux, et ses doigts s'agitent frénétiquement autour de sa boucle d'oreille pour compenser l'absence de crayon dans sa main. L'envie d'écrire vient de surpasser sa faim, bien qu'il sait qu'il aura sûrement besoin de l'un pour pouvoir s'adonner à l'autre.

_"Rien à voir." Fernando s’arrêta puis se mit en face de Mark. "Une fois de plus ce sont les Cartiens qui vont se faire remarquer. Deux d’entre eux ont rencontré la Mort Ultime il y a peu, et nul n’en connaît la cause. Peut être est-ce lié aux problèmes des disparitions de ces derniers mois. Toujours est-il que ce maudit Korda et ses laquais vont profiter de cette occasion pour remettre en cause une énième fois la légitimité de notre Reine."

Tout à coup, Fernando se figea devant la scène où jouait l’orchestre. Alors qu’il semblait perdu dans ses pensées, il reprit d’un ton plus modéré :

_"D’autant plus que c’est également demain que le Seigneur Vitaly présentera enfin sa protégée au reste de la Famille. Il ne serait pas étonnant que les Cartiens y voient là une violation de la seconde Tradition. Ils vont encore parler de je ne sais quels privilèges dont eux même ne jouiraient jamais. Sans compter qu’un nouvel infant sera également introduit. Celui de Lucinda, membre de l’Invictus. Ca ne fera qu’envenimer la situation…"

Le Chroniqueur ressentait le trouble qui habitait son "père". Même si il ne lui en avait jamais fait part, il devinait que Fernando ne comprenait pas l’intérêt que leur seigneur portait à un simple nouveau né, une étrangère de surcroît. Tout comme il devait s’interroger sur le bien fondé de la Reine à octroyer le droit de progéniture à l’une de ses suivantes alors que le vent du moment soufflait déjà sur les braises de la discorde. Pour autant, il savait aussi que Fernando serait toujours fidèle à la Reine tout comme à Vitaly.

[HRP] Le sujet à consulter pour comprendre un tant soit peu ce qui est raconté. [/HRP]

The Chronicler pousse un soupir, du moins, ses lèvres le dessinent, et il l'aurait poussé s'il avait encore du souffle.

« Les Cartiens... » fait-il. « Penses-tu qu'ils auraient appris à ne pas se mettre en avant après la honte du soulèvement des années soixante-dix. N'ont-ils pas compris la leçon ? Où seraient-ils sans notre Reine et son prédecesseur ? Ou sans nous, d'ailleurs. Certains ont la mémoire courte. Si notre Reine a besoin que ses fidèles rafraichissent quelques mémoires, ce sera fait. »

En réponse à la tirade suivante d'Alveia, the Chronicler se fige lui aussi, mais plus par soudaine inspiration que par anxiété. La prudence n'a jamais été sa meilleure arme, il le sait, et il frissonne d'anticipation devant un tel creuset à discorde.

« Un nouvel infant pour l'Invictus, un autre pour notre ordre et deux Cartiens disparus. L'équation est trop dangereuse. Je ne veux pas mettre en doute les décisions de la Reine, mais la conjoncture est plus que sensible, et le trône doit déjà ressembler à un siège éjectable aux yeux des Cartiens. Ils ne laisseront pas passer ça. Je ne sais pas si le seigneur Vitaly a choisi le bon moment pour présenter notre petite cousine. Sait-on au moins qui est son Sire ? »

Sentant le désarroi de son compagnon, the Chronicler reprend son bras pour qu'ils continuent à marcher. Il le mène en direction du balcon, contemplant les foules se déversant de bâtiments en bouches de métro. Il tourne son regard vers Fernando.

« Je sens ton désarroi, mon Maître. Nous devons avoir foi en notre Reine et en ses décisions, ainsi qu'en celles du seigneur Vitaly. Je pense que nos frères et soeurs de la Lancea seront de notre côté. Les Cartiens n'oseront pas montrer leurs crocs. Quoiqu'il arrive, ce sera une chronique digne d'être enregistrée, et je m'en chargerai avec joie. »

Son regard se tourne à nouveau vers la foule.

« Mais d'ici là, si nous allions nous nourrir pour oublier nos soucis ? »

_ "Justement, nous ne connaissons pas le Sire de notre cousine. Mais pourquoi diable Vitaly s’est-il encombré d’une damnée qui n’est pas de son clan. Car tout ce que j’ai pu glaner à son sujet, c’est que c’est une Ombre qui vient de Louisiane, probablement de la Nouvelle-Orléans. Voilà bientôt quatre mois qu’elle est cloîtrée chez notre maître…" Fernando secoua la tête avant de reprendre. "Mais tu as raison, oublions tout ça pour l’instant."

D’un simple regard, il amena à lui un serveur le temps de lui dérober deux coupes de champagne. Il en tendit une à Mark pour trinquer avec lui.

_ "Je t’attendrai dans la suite habituelle, le temps que tu choisisses ton dîner." Alors qu’ils retournaient tous les deux dans la grande salle de bal, Fernando vida son verre dans un pot de fleurs. Il posa ensuite sa main sur l’épaule de son infant. "Je suis sûr que Johnston* et les siens vont faire une apparition ce soir, n’oublions pas que nous sommes chez lui. Damien aime soigner ses entrées mais il ne devrait plus tarder maintenant. Alors si tu ne veux pas qu’il te monopolise comme à son habitude, ne tarde pas à me rejoindre. Personnellement je ne suis pas d’humeur à le côtoyer."

Mark regardait son père se retirer. Juste avant de quitter la grande salle, son maître passa à côté d’une jeune femme à laquelle il sourit. Cette dernière l’observait depuis quelques temps déjà. Elle emboîta le pas à Fernando pour finir par sortir quelques instants après lui…

[HRP] * Damien Edward Johnston est un puissant vampire, Ventrue, membre de l’Invictus. Il est l’un des conseillers de la cour vampirique. Il est également le leader et donc porte parole de l’Invictus. La Reine Rowan lui a laissé cette charge pour que son règne soit plus « impartial ». Mais il est certain que la voie de la Rouge doit toujours avoir une grande influence sur la Ligue. On dit que ce n’est là qu’une façade. (A savoir que la plupart du temps, le prince d’un domaine est également le chef de file de la Ligue dont il fait partie) [/HRP]

« Ha ! Johnston ! J'en ai déjà des pages entières à son sujet. Je ne suis pas d'humeur ce soir à souffrir son égocentrisme. Je ne serai pas long. »

The Chronicler se retourne, s'appuyant contre le balcon alors que son Sire se dirige vers la sortie. Il attrappe une autre coupe de champagne et scrute l'assemblée pour essayer de capter l'attention d'une des femmes présente ; une coureuse de portes-feuilles comme il se plait à les appeler. Lorsque le contact est établi, il se retourne avec un regard séducteur, tournant le dos aux invités. Il pose la deuxième coupe de champagne à sa droite, bien en évidence, puis il attend que le poisson vienne mordre à l'hameçon.

Lorsque la jeune femme est à son bras, il lui récite quelques uns de ses vers, sur la lune et les étoiles dans les déserts Nord-Africains où aucune lumière ne perturbe le ciel nocturne. Le charme vampirique du Daeva est trop fort pour une simple mortelle, et lorsqu'il lui prend la main, elle le suit, les yeux rivés sur son visage avec une expression de sérénité béate.

Il l'attire dans les couloirs et rejoint son Sire dans la luxueuse suite, où il peut enfin laisser parler son instinct...

…

La chambre était maintenant plongée dans l’obscurité. Côte à côte, deux belles jeunes femmes dormaient à poings fermés sur un lit qui occupait une bonne partie de la pièce.

Mark était assis dans un somptueux fauteuil tandis que son Sire, face à la fenêtre, observait le ciel de cette nuit sans lune. Une fois encore, les deux vampires s’étaient nourris en feignant l’acte sexuel. A leur réveil les jeunes femmes mettraient leur fatigue sur le compte de cette nuit riche en excès. Avant toutes choses, elles se souviendraient avoir passé une nuit de libertinage où pour leur plus grand plaisir, elles auraient laissé libre cours à leurs pulsions intimes. L’extase du Baiser demeurera gravé en elles comme étant leur meilleure expérience charnelle. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que ces demoiselles soient amenées à revoir leurs gentlemen lors d’une future soirée mondaine…

_ "Regagnons l’Université" annonça Fernando, sortant de sa contemplation. "La nuit prochaine, il sera judicieux de nous rendre à l’Elysée en compagnie de notre Seigneur."

Alveia se dirigea vers le lit où il s’agenouilla pour saisir la main de son calice. Il lécha le poignée de la jeune femme et fit disparaître par la même les traces de son Baiser. Bien que plongée dans un sommeil profond, cette dernière esquissa un sourire. La scène ressemblait à l’inquiétante version d’un conte, de ceux qui comprenaient princesses et princes charmants.

_ "Les serviteurs de Damien se chargeront de les raccompagner" dit le vampire d’une voix nonchalante. Il enfila sa veste avant de se diriger vers la porte. "Partons."

The Chronicler repasse sa chemise et sa veste queue de pie, regardant avec un sourire les deux formes exténuées par l'extase du baiser des Immortels. Il referme sa marque, l'effaçant du cou de la jeune femme - le cliché ne fait jamais de mal - et se dirige vers la sortie aux talons de son sire. Une fois arrivés sur Fifth Avenue, il s'adresse à son Sire :

« Finalement, ce fut une bonne soirée. Mais je vais devoir poser quelques idées sur papier avant l'Elysée de la nuit prochaine. Je pense que je vais rentrer, et je vous retrouverais demain soir avant la réunion, si ça ne te pose pas de problème. »

_ "Tu fais comme tu l’entends" dit Alveia. Il se dirigea vers sa voiture qu’un employé venait de ramener devant l’entrée du prestigieux hôtel. Celui ci lui rendit les clés pour se retrouver avec un billet de cent dollars en mains, un tour de passe-passe qui attestait de l’adresse de Fernando. "Un taxi pour mon ami."

Le voiturier s’exécuta, grisé par son pourboire. Tandis que l’homme se précipitait sur l’avenue pour faire signe à un chauffeur, Fernando s’adressa à Mark :

_ "Prend soin de toi, et ne soit pas en retard à notre réunion familiale." Il monta dans son 4x4 Chevrolet puis partit en direction de l’Upper West Side. Il passerait sûrement devant le Met, là où la nuit prochaine se tiendra l’Elysée…

Mark, lui, était maintenant dans un taxi. Le conducteur avait été surpris par l’accoutrement de son nouveau client. Pour autant, il avait tout de suite mis un terme à ses remarques et autres questions depuis qu’il avait croisé dans son rétroviseur le regard envoûtant de son passager.

D’ici peu, le Chroniqueur serait dans son appartement de Soho.

Le Daeva atteint son appartement et s'isole immédiatement dans son bureau. Il allume son ordinateur et passe le reste de la nuit à écrire, décrivant la situation politique du moment. La nuit est belle, mais trop courte, et il a tout juste énoncé les différents partis et conflits d'intérêts qu'elle touche à sa fin. Il ferme ses volets occultants et se retire pour la journée. Il sort tout de même un costume qu'il étend, prêt pour l'Elyzée du lendemain.

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[HRP] La suite dans le forum de l'Ordo Dracul, dans le sujet La présentation de Liz. [/HRP]